Entrevue
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écrit par Yann Fortier
photo par Jimmi Francoeur
En entrevue, dans ses chansons, sur scène, Vincent Vallières est généreux. Vingt-cinq ans après la sortie de son premier disque, l’artiste incarne l’humilité de ceux dont le parcours, déployé sur plusieurs décennies, préserve intacte l’énergie de ses premiers élans.
À propos de sa participation à Cégep en spectacles, il y a 30 ans: «C’était exaltant de faire ça, mais ça l’est tout autant aujourd’hui. Au départ, j’ignorais si j’allais aimer la scène, si j’allais être bon. J’étais dans la découverte d’une idée, d’une envie. Mais depuis, le rêve se perpétue et grandit.»
Fort d’un 9e album studio, Les saisons, les secondes, paru en novembre, en plus de sa récente compilation Vallières au travers de la route (1999-2024), l’artiste précise avoir été un peu plus frondeur à ses débuts.
«Au départ, ce métier exige une certaine résilience. Ça me fait d’autant plus apprécier la chance que j’ai de perdurer, en m’exprimant librement, dans un contexte où l’on ne peut rien tenir pour acquis.»
Chose toutefois bien acquise, le nouveau spectacle de Vincent Vallières promet au public du Théâtre Hector-Charland une passerelle entre ses classiques et ses nouvelles pièces, avec le désir de conjuguer le tout au présent. «Ce sera un show de band avec cinq musiciens. J’ai envie de faire de la musique avec mes amis, mais aussi de raconter et de me raconter. Les gens peuvent donc s’attendre à un spectacle rassembleur, vivant, authentique. À quelque chose d’énergique, de touchant, avec des moments festifs et drôles, puis d’autres, plus intimes et dépouillés.»
Évidemment, les chansons seront au coeur de l’expérience, avec des titres aux trames narratives fortes, amplifiées par une nouvelle mise en scène, de nouveaux arrangements et la délicate opération d’intégrer les pièces récentes aux plus anciennes. «Le spectacle est un équilibre entre ce que le public connaît et ce qu’il découvre. Je tente de pousser certains aspects plus loin, tout en gardant ce qui me ressemble», énonce l’artiste.
Au fait, quelle est sa définition du spectacle parfait ? «C’est un moment où j’accède à une sorte de vulnérabilité. Si je suis en mode protection, si je n’accepte pas d’être vulnérable, si je ne suis pas qui je suis vraiment ou encore si je manque de courage pour dire les choses, on omet un élément important.»
Quant à la place actuelle de la chanson québécoise, l’auteur-compositeur et interprète la perçoit comme un catalyseur culturel de premier plan. «C’est une porte d’entrée. C’est une manière de nous rassembler et de nous dire qu’on est peut-être moins seuls qu’on le croit. On peut vivre ce sentiment avec un artiste international, mais la proximité est différente si ça se passe chez nous, dans les régions comme dans nos grands centres. Et quand on a la chance de vieillir avec le public, ça instille une certaine fierté.»
Qu’entrevoit-il à l’horizon ? «On dirait que plus j’avance, moins je vois à long terme. Je suis dans le moment présent. Et tant que j’ai la santé, l’énergie et la curiosité, ça va. Je sens aussi que mon destin est entre mes mains. Que c’est à moi d’arriver avec quelque chose, peu importe le contexte. Richard Séguin m’a déjà fait remarquer que l’artiste sur scène n’a plus d’âge. Qu’un bluesman de 90 ans peut avoir l’air plus jeune qu’un ado de 15 ans.»
« La scène, c’est un état d’esprit. Un espace où faire les choses sérieusement sans me prendre au sérieux. Et comment m’y rendre, ça demeure toujours une part de mystère. » - Vincent Vallières
25
avr. 26Théâtre Hector-Charland